10 May 2005

Suite Normande (20')

Trois séquences pour boîte à musique, percussions, synthèse (inharmonique) et traitements électroniques en temps réel, et bande.
Généralement, le concept de musique mixte marie des instruments en temps réel à une partie électroacoustique préétablie (la bande). Un des axes de ma recherche est de tendre à généraliser ce concept, au point de ne pas exclure l’option inverse : instruments ou autres sources réelles sur support, partie électronique et traitements live.
Souci de généralisation du musical qui se manifeste dès la création même du matériau sonore, ce qui mène à bannir de nombreux instruments conventionnels, synthétiseurs compris (qui confinent les notes à l’échelle des douze sons de l’octave), et va même jusqu'à vouloir déjouer l’évidence qui semble lier le son musical à l’harmonicité de son timbre.
La réalisation de ces utopies ne suppose rien de moins que l’invention d’une nouvelle lutherie, notamment au moyen d’interfaces utilisateur plus neutres (adieu claviers,…), …et d’apprendre à en jouer.

Pour ma Suite normande, les sources acoustiques et synthétiques sont traitées en temps réel sur ordinateur laptop, dans le logiciel 'Max/MSP', au moyen de deux types d'interfaces :
- Une tablette graphique, entièrement paramétrée sur mesure, qui permet un contrôle direct sur plus de 40 paramètres distincts (la surface est partitionnée en plusieurs petites surfaces bidimensionnelles), grâce à l‘angulation et la pression du stylet qui, de la même main droite, donnent trois paramètres en plus du positionnement (x-y).
- Un jeu de 6 capteurs analogiques et un encodeur numérique, dont les variations, numérisées en haute résolution, sont transmises à l’ordinateur par un lien Ethernet à haut débit. Cela permet d'agir, sans latence gênante, au moyen des deux pieds (pédales) et de la main gauche (curseurs, senseur de pression, senseur de distance à infrarouge) .

Cette Suite, malgré ces aspects expérimentaux, est d'une structure formelle très simple, et offre des textures ou des ambiances qui par ailleurs, se veulent auditivement séduisantes, et permettent, par leur relative immobilité, le développement d'une écoute spectrale, nécessaire pour en appréhender la nature; de normande, elle n'a que l'homophonie avec Normandeau (Robert), avec qui je revendique le baroquisme par impureté de la musique électroacoustique.

Création: le 10 mai 2005 dans le cadre du Festival "Trois visages de la Musique Electroacoustique" / Musiques et Recherches / Bruxelles, Petit théâtre Mercelis (XL)